Le Stade de France n’était pas le seul temple du football hier soir. Au moment où Lille jouait la finale de la Coupe de France, c’est à la Maison Folie de Wazemmes qu’Antoine Defoort et Julien Fournet rejouaient leur installation-spectacle « CHEVAL ». Un spectacle présenté comme un « traité abstrait du ricochet », où du début à la fin rebondissent ballons de foot et quelques balles de tennis dans tous les sens…

 

     Par le truchement du rebond, Antoine Defoort et Julien Fournet font ressortir la musique, les sons de la nature, ils en extraient les différentes notes, une à une, et en indiquent toutes les correspondances possibles avec la réalité la plus commune. Sur un panneau contre lequel les ballons sont lancés, et qui assigne à chaque note une image différente, un paysage naturel singulier qui correspond visuellement à la vibration musicale… Ou avec ces commentaires sportifs des journalistes de RMC pendant le match France-Espagne du mondial de foot 2006 : on entend les commentateurs surexcités parler à toute vitesse des derniers mouvements sur le terrain avec la voix réglée sur un accord continu de fa dièse…! D’autres accords habituellement sous-représentés en musique se retrouvent également dans la vie de tous les jours : le bruit du frigo, de la clim, etc…

     On ne se contente pas de vous amener, comme dans un musée écolo d’avant-garde, à découvrir que toutes sortes d’instruments de la vie quotidienne peuvent d’une manière inattendue devenir de véritables instruments de musique. Bien mieux, vous prenez conscience que la routine de la vie quotidienne est à elle seule un véritable orchestre qu’on a cessé d’écouter.

     Bref, dans ce spectacle déroutant, parfois difficile à suivre, l’incompréhension n’est qu’au premier plan, on ne vous embrouille que pour vous faire comprendre, entendre, ce qui est sous vos yeux, ou plutôt dans vos oreilles, d’une manière quotidienne, permanente, banale, triviale, et dont votre attention ordinaire a appris à se détacher. Pour vous montrer, au final, que la ‘musique’ est plus riche que ce qu’on appelle couramment la musique, que les accords existants sont bien plus nombreux que ceux utilisés par l’industrie musicale, et que la musique, la grande musique, a pour origine le quotidien, l’anecdote, la nature et la vie…

     Le sens que la pièce apporte à des consciences déjà embrouillées est ce que celles-ci ont l’habitude de ne pas ou de ne plus entendre, voir ou sentir, ou (au moins…) les trois à la fois, car, au-delà de la musique, « CHEVAL » a une portée plus universelle. Ce spectacle nous invite à regarder le réel sous un autre angle, d’un autre lieu, pour voir à quel point il est riche, à quel point nous nous en nourrissons et nous en sommes toujours nourris, et à quel point nous passons pourtant, quotidiennement, juste à côté…!

 

La page facebook d’Antoine Defoort :
www.facebook.com/entuenedufard

 

     En haut de page : vidéo réalisée par Arte Live Web pour le festival Temps d’images le 10 octobre 2009

 

 

 

comment box eric bourdon

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