‘Lignes de vie’
Les créations de l’artiste français autodidacte Eric Bourdon sont presque plus du dessin que de la peinture. C'est un jeu avec les lignes, d'abord tracées d'une manière spontanée, au hasard, comme un gribouillis d'enfant, fait à la craie ou à la peinture acrylique. Des lignes qui sont ensuite travaillées, et retravaillées encore et encore, jusqu'à ce que quelque chose de nouveau, une figure précise, un personnage, vienne à la vie au milieu du chaos. Un nouveau sens se crée à chaque fois à partir du néant. Eric Bourdon façonne à l'aide de quelques traits improvisés des personnages inédits et fascinants dans un style pop, symbolique et riche de joie, d’émotions et de couleurs. Un travail pictural qui intéresse autant les grands qu’il plaît aux plus jeunes, avec ces dessins comiques aux couleurs acryliques très vives, dont on voit une sélection sur le site de l’artiste peintre lillois.
C'est autour de Lille, la Capitale des Flandres, qu’il arrive au peintre français de donner des cours de dessin et de peinture, la plupart du temps dans des écoles primaires. À Roubaix, Lesquin, Villeneuve d'Ascq, Eric Bourdon est intervenu dans les écoles pour réaliser différents types de projets en arts visuels.
Ces cours de peinture ont à chaque fois pour but de développer d'une manière créative la capacité que l'être humain possède, très tôt, à identifier des visages, des silhouettes et des formes dans un contenu visuel flou : l'obscurité partielle, les nuages, la crème d'un cappuccino, un vieux papier peint décoloré, une peinture abstraite... Mais ils permettent aussi à Eric Bourdon, pour commencer, de faire connaître aux élèves quelques 'grands peintres' (à travers leurs œuvres) de l'art moderne et contemporain. Wassily Kandinsky pour jouer avec les figures géométriques, Henri Matisse pour jongler avec les formes, le peintre contemporain Sean Scully pour évoquer les couleurs primaires et s’amuser à créer des contrastes… Sans oublier certains artistes comme Jean Dubuffet, qui donna son nom à l'Art Brut, ou le plasticien Victor Vasarely, père de l'Art Optique (Op Art)...
Les pieds dans l'histoire de l'art, passée en revue de manière ludique, les enfants peuvent ensuite réaliser leurs œuvres entièrement personnelles, à la peinture à l'eau (de la gouache le plus souvent). Ils vont aussi collectivement peindre un tableau sur toile, bois ou carton, et préparer leur première exposition. Pour cela, Eric Bourdon présente aux jeunes artistes en herbe deux peintres espagnols qui ont un lien direct avec sa manière de dessiner dans l'improvisation : Joan Miró, surtout, mais aussi Pablo Picasso (le Picasso de la vidéo 'Le Mystère Picasso', un documentaire réalisé de son vivant par Henri-
Picasso semblait improviser ses dessins au départ, tout en les ramenant en général très rapidement aux quelques figures réelles et bien connues qui le captivaient, voire l’obsédaient : Femme / Cheval / Taureau (alors qu'en école primaire, les dessins d'abord improvisés peuvent facilement finir en : Dragon / Voiture / Princesse...). Mais Joan Miró avait un univers graphique 'surréaliste' plus large et moins déterminé, qui lui permettait d'improviser des figures ou des symboles qui 'parlaient' au spectateur, sans qu'on puisse pour autant décrire ce que ces visages et ces personnages mystérieux voulaient nous raconter exactement, de quelle planète ils venaient, ou ce qu'ils étaient censés représenter...
Un grand nombre de peintures nées dans l'improvisation sous le pinceau de Miró étaient dotées d'une fantastique puissance d'expression, sans même représenter quoi que ce soit ! Et pour Eric Bourdon, c'est tout le jeu de l'improvisation : commencer à dessiner, à peindre, avec une liberté créative et un 'champ de possibilités' très ouvert, mais sans se rabattre trop vite, en cours de route, sur le répertoire des figures connues et récurrentes qui ferment le jeu, sur les points de repère qui rassurent mais limitent les possibilités et suspendent trop tôt l'aventure de l'imagination...