cote cotation artiste

   On sourit du coin des lèvres en passant sur la page d’adhésion au dictionnaire Larousse des cotations d’artistes, qui propose de publier votre « cote d’artiste » dans leur prochaine édition, contre la modique somme d’une centaine d’euros par an…

 

( à cette adresse: http://www.dictionnaire-artistescotes-laroussediffusion.com/adhesion.php )

 

[ Mise à jour : en 2018, le réseau des sites dupliqués du ‘dictionnaire’ a apparemment abandonné toute référence à Drouot. Certains sites listés dans ce post ne sont plus actifs, restent – au moins – ceux-ci : dictionnairedesartistescotes.com et .fr – avec la page d’adhésion https://dictionnairedesartistescotes.com/site/adhesion à 108 € / an -, artistescotes.com et .fr, artistes-cotes.com et .fr, avis-dexperts.com et .fr, guidarts.com et .fr ]

 

[ Mise à jour : à partir de l’édition 2013, Larousse a visiblement cessé de diffuser et donc de prêter son nom au ‘dictionnaire’ qui n’est plus disponible que sur des sites de vente en ligne et plus directement en librairie. L’adresse de la page d’adhésion devient : http://www.drouot-cotation.com/adhesion.php. RIEN a priori ne semble non plus lier le célèbre hôtel parisien de ventes aux enchères officielles ‘Drouot’ au site www.drouot-cotation.com – qui est le nom d’une association – ou à ses multiples sites miroirs (drouot-cotation.fr, .org et .net, drouotcotation.com et .fr, dictionnairedesartistescotes.com et .fr, artistescotes.com et .fr, artistes-cotes.com et .fr, avis-dexperts.com, .fr et .org, guidarts.com…). La ‘duplication de contenu’ est une technique classique de spamming pour submerger les moteurs de recherche et tromper les internautes. ]

 

   La cote d’un artiste était traditionnellement établie à partir des ventes aux enchères officielles. Tout bon patron de galerie avec un minimum de bouteille a ses anecdotes croustillantes sur les différentes méthodes de trucages des ventes dont il a pu être témoin, et dont il n’a évidemment pas de preuve… Mais il suffisait de 2 ou 3 ventes aux enchères pour établir la « cote » d’un artiste, qui ne bougerait pas avant la 4ème. Un peintre demandant à un ami d’acheter à ses frais ses propres toiles en salle de ventes pouvait ainsi établir sa cote au niveau qu’il souhaitait. Il récupérait l’argent de la vente (le sien), et la toile auprès de l’ami, et ne restait que la commission du commissaire-priseur à payer. C’étaient donc les rumeurs qui couraient.

 

   Depuis 2001, les commissaires-priseurs ont perdu le monopole des ventes aux enchères volontaires. Aux enchères ou pas, les toiles se vendent aujourd’hui plus librement, sur internet notamment, mais aussi, comme depuis toujours, dans les ventes classiques en galeries et dans les ateliers. Le « Dictionnaire Cotation des Artistes » (anciennement Guid’Arts Cotation des Artistes, Cotation des Artistes ou Drouot Cotation) propose des listes de cotes d’artistes, établies sur les ventes en galeries, salons, foires, ateliers d’artistes… Christian SORRIANO, président de l’association Drouot Cotation, valorisait son action en 2002, dans la préface à la 2ème édition du dictionnaire, par le caractère non réaliste de cotes d’artistes établies sur la seule base des ventes aux enchères, puisque la majorité des ventes d’œuvres se fait en dehors des salles de ventes :

Cette réforme [la fin du monopole des commissaires-priseurs sur les ventes aux enchères] oblige les commissaires-priseurs à se transformer en sociétés commerciales. C’est aussi la fin d’une regrettable confusion qui a toujours « pollué » le marché des artistes vivants, sous le prétexte que leur cotation n’était matérialisée que par le caractère dit « officiel » des ventes effectuées par des commissaires-priseurs.
La réalité de toujours est que la cotation d’un artiste vivant ne s’établissait ni dans les ventes du passé des commissaires-priseurs, ni dans celles effectuées depuis cette année par des sociétés commerciales agréées, mais par les ventes réalisées dans les galeries, les salons ou dans les ateliers des artistes.

(Christian SORRIANO)

 

   Mais si la méfiance régnait déjà au sujet des cotes établies d’après les ventes aux enchères officielles, que penser de la fiabilité des cotes établies d’après les ventes dans les galeries, où tout est si confidentiel, dans les salons et ‘foires’, ou pire encore les ateliers d’artistes ? Quelle confiance accorder aux cotations basées sur les ventes dans les restaurants, les cafés, bars et boulangeries ?… Quoi de plus facile pour un peintre que d’établir une facture bidon pour un client bidon et un montant tout aussi bidon, facture officiellement payée en liquide et uniquement attestée par le peintre lui-même ?… Ou encore de faire une « vraie » vente à un vrai copain, plus facile encore qu’au temps du monopole des ventes aux enchères officielles : retour à la case départ ! Le système de cotation a-t-il vraiment gagné en crédibilité ? Les acheteurs peuvent-ils avoir aujourd’hui plus de confiance dans les cotes d’artistes qu’on leur met sous le nez ?

 

   Seul avantage qui semble rester au peintre – qui n’oublierait pas de payer sa cotisation annuelle (!…) -, celui de présenter le dictionnaire des cotations à un acheteur potentiel, pour tenter de le convaincre que si sa « cote » est à 1500 euros, et qu’il lui propose d’acheter sa toile à 500, l’acheteur ne peut passer à côté d’une aussi bonne affaire !…

 

 

 

comment box eric bourdon

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    3 Commentaires

  1.      Claude André Laffaye / CAL

    Je suis artiste peintre déclaré et je souhaiterai être coté,comment dois-je procéder?


    •      Eric Bourdon

      Bonsoir Claude,
      à mon sens (ce que j’essayais d’expliquer) la bonne question serait plutôt pourquoi souhaiter être coté? La cote étant idéalement une estimation d’un prix de vente naturel et régulier des œuvres d’un artiste, elle perd toute légitimité si elle est ‘recherchée’ (et payée!) par l’artiste. On est en plein dans le conflit d’intérêts. Si vous vendez sans mal à un prix régulier, pourquoi chercher à être « coté », continuez à vendre… La cote n’est qu’un argument de vente utilisé par des artistes qui en ont besoin, donc qui n’ont pas « la cote ».


  2.      V.Haye

    Merci Eric Bourdon pour cette remarque qui me paraît très pertinente et rend la compréhension liée aux cotes beaucoup plus claire.





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