Didier Bourdon : le peintre Chucalescu

Publié le 07-11-2017 par Eric Bourdon | Commenter
Catégorie(s) : Peinture, Vidéos  


 

     Didier Bourdon dans le rôle de l’artiste peintre subventionné Romano Chucalescu… Avec Pascal Légitimus et Bernard Campan. Toujours d’actualité !

     Sans surprise, le sketch des Inconnus sur la facilité et le baratin dans l’art contemporain, diffusé en 1991, a été – et reste – encensé par une ribambelle de réactionnaires fascisants en mal de repères, qui y ont vu une critique de l’art contemporain en général, ce qu’il n’est pas.

 

     Comme autres formes, beaucoup moins sympathiques, de facilité morale et de baratin intellectuel, on a les tentatives de récupération, style FN, des Inconnus… Bruno Gollnisch, par exemple, qui s’y connaît ausi bien en élitisme qu’en extrapolations couillonnes, interprète le sketch (dans le post « De Bari à Béziers, un bon coup de balai ! » du 25 février 2014 sur son blog) comme un plaidoyer pour le retour à l’art académique et à ce mirage des « valeurs traditionnelles ». On a aussi les commentaires anonymes, autour de la vidéo, sur la « décadence de l’art » (l’art décadent ou dégénéré, cette expression historique si typique de la critique nazie de l’art moderne…). Proche des Inconnus, tout ça ?…

     Bref, ce n’est qu’un sketch, pas un tract idéologique. Et puis… on ne parodie que ce qu’on aime (si on veut que ce soit drôle)…

 

(Voix off) Pour son troisième opéra, le gouvernement, en accord avec la Ville de Paris, a fait appel au génie de l’artiste Juan Romano Chucalescu. Mais qui êtes-vous au juste, Monsieur Romano Chucalescu ?

(Chucalescu / Didier Bourdon) Mon père était roumain, et ma mère était d’origine argentine. C’est pourquoi je suis venu en France pour fuir à la fois les régimes totalitaires de la Roumanie, et de l’Argentine. Et puis, euh, financièrement, Monsieur Mitterrand, il a été très gentil, puisque je bénéficie à la fois du statut réfugié roumain, et statut réfugié argentin.

(Journaliste / Pascal Légitimus) Tout à fait…

(Chucalescu / Didier Bourdon) Double statut…

(Journaliste / Pascal Légitimus) Double statut, tout à fait.

(Chucalescu / Didier Bourdon) C’est intéressant…

 

(Voix off) Comme il le dit lui-même, Juan Romano Chucalescu n’est pas seulement un peintre ou un sculpteur, c’est avant tout un animateur d’espace, un modeleur de vide.

(Chucalescu / Didier Bourdon) Quand je crée, ce n’est pas moi qui vais vers la toile, c’est la toile qui vient vers moi, dans une sorte d’irrésistible appel à la couleur, n’est-ce pas, une sorte d’osmose entre le tube, les poils, la toile et l’alchimie du corps…!

(Voix off) Vous avez déclaré que vous étiez avant tout un « déstructureur d’intemporalité » ?

(Chucalescu) Oui, un déstructureur d’intemporalité… Je crois que c’est comme ça que m’avait défini mon grand maître, Monsieur Stupalacci…

(Journaliste) Stupalacci, oui…

(C) Stupalacci, qui était un artiste extraordinaire !

(J) Tout à fait, oui…

(C) C’était quelqu’un qui m’a appris à ne pas peindre en peignant… en faisant la couleur sans la couleur…

La sculpture, c’est le même processus.

L’artistique est quelque chose d’intérieur, et aussi d’extérieur. Et ça c’était un autre maître à moi, Monsieur Fulovalacci, qui n’était pas peintre, il était juste une sorte de fou un peu mystique, qui se foutait de la gueule du monde, comme moi, MAIS avec une sorte de crédibilité…

 

(J) Et dites-moi alors, cette sphère, là, posée sur ce socle, qu’est-ce donc ?

(C) Là, la sphère, c’est le projet que j’avais présenté pour la Pyramide du Louvre.

(J) Ah bon…

(C) Oui, c’était une pyramide à un seul côté, c’était un projet très intéressant…

(J) Mais c’est très original en tous cas…!

(C) Oui mais ça a été refusé…

(J) Refusé, ah bon…

(C) Là c’est euh…

(J) Et ça alors euh…

(C) Oui là c’est le projet que j’avais fait pour la Géode de La Vilette.

(J) La Vilette, oui…

(C) C’est une sphère pyramidale.

(J) Bien sûr, c’est évident.

(C) C’est un projet, aussi, refusé.

(J) Refusé…

(C) Et là, vous reconnaissez bien sûr les… ça, c’est les Colonnes de Buren.

(J) Les Colonnes de Buren, bien sûr. Je reconnais la…

(C) Et mon projet était allé beaucoup plus loin.

(J) Et sinon, euh… vous êtes en mauvais termes avec Buren ou…?

(C) Ah non. Buren est un ami, très cher.

(J) Hum-hum…

(C) D’ailleurs, tous les soirs, je dors avec un pyjama qu’il m’a dessiné.

Comme disait mon maître Chucanomalascu, je crois que, avant tout, il n’y a pas de secret, c’est d’abord le travail, toujours le travail, une conscience de travail sur l’œuvre créatrice, et… et… eh bien c’est parfait, ça. Très bien.

 

(Voix off) Jusqu’au 23 juin, la galerie Abstraction Jubilatoire vous propose les dernières œuvres de Chucalescu, telles que : Breakfast sur l’herbe, Marseille Monaco 1-0, Baigneuse noyée, Plénitude amnésique, Toile pour pigeon.

 

(Journaliste / Pascal Légitimus) Alors là, Romano, euh, c’est une toute dernière inspiration sculpturale…

(Ouvrier / Bernard Campan) Ah non, ça c’est l’aspiration murale, là, elle est bouchée. Monsieur Romano il est là-bas…

 

(Chucalescu / Didier Bourdon) Et sinon je voulais vous montrer, donc, le projet de l’Opéra de La Défense…

(Journaliste / Pascal Légitimus) Oui, l’Opéra de La Défense, alors, qu’en est-il…?

(C) Que je vous propose, et que tout le monde il est d’accord… J’ai pensé à l’idée du saxophone…

(J) Du saxophone…

(C) Voyez, alors, l’orchestre serait ici… J’ai pensé que le public, le gradin, là, ici.

(J) Ah oui, là, là…

(C) Et l’entrée, par la hanche, là ici en haut, là, ça… je trouve ça très…

(J) Mais, euh…

(C) Jusqu’au-boutiste.

(J) Et, pour y accéder, alors, comment, comment…

(C) Alors pour y accéder, Buren, mon ami, a pensé à une échelle, très originale, que voici. Pour monter, je vois mal Mitterrand le faire, mais, Jack est emballé !!!

 

 

 

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